Frénésie meurtrière. Succube désoeuvrée. Dante vous dirait que l’on n’apprend pas à macérer dans le sang. Ironie doucereuse, sachant que la belle ne baigne plus que dans l’euphorie de ses meurtres depuis que les premiers symptômes de son trouble se sont manifestés. Chaque fois, l’étau de ses doigts se resserre autour de la gorge de ses amants, tandis qu’elle leur extirpe leur dernier souffle dans un ultime accès de rage. Les ecchymoses et les plaies s’additionnent, la chair tendre suinte la substance vitale et vermeille dont elle s’abreuve, et les carcasses s’amoncèlent au rythme de ses excès irréversibles. Veillez à ce qu’elle ne vous séduise pas dans l'unique but de vous dévorer le cœur ; c'est que la jeune femme aime vibrer sous la peur que filtrent les regards piégés de ses victimes.
Votre trouble vous a-t-il déjà aidé à faire quelque chose que vous regrettez aujourd'hui ?
Encore faudrait-il qu'elle se sente concernée. Qu'elle accepte la simple idée de son implication, de sa responsabilité dans ses atrocités commises, ou de sa culpabilité une fois face à ces dernières. Mais non, le déni a toujours été plus simple pour la petite princesse déchue, alors pourquoi se pencher plus sérieusement sur la question? Est-elle seulement responsable de ce karma? N'est-elle pas l'unique victime, finalement?
feeling no limits, seizing each minute
« Tu es magnifique, Pita. » La sentence transcenda l'air, sentimentale, honteuse, comme un murmure rauque et étouffé que la brunette se devrait de ne surtout pas divulguer. Accroupi à sa hauteur, une main posée sur la joue de sa délicieuse petite fille, Mr Johnson semblait ému. Il la trouvait magnifique, allons donc, c'était tout ce qu'elle aurait, il fallait qu'elle s'y fasse. Elle qui aspirait tant à le rendre fier, à le faire l'aimer, elle souriait, cynique, de ne représenter qu'un gouffre pour lui. N'était-il pas triste que le respectable maître Johnson ne puisse s'avouer l'amour inconditionnel qu'il ressentait envers sa progéniture? Toute cette histoire de prestance et d'honneur valait-elle d'abîmer à ce point l'estime que sa fille pouvait avoir d'elle-même? N'était-ce pas cruel qu'une enfant se doive de ne jamais fléchir, de ne jamais commettre aucune bavure au risque d'être accablée de reproches? La déception ne suintait-elle pas suffisamment dans chaque regard que ses géniteurs portaient sur elle, sans qu'elle n'ait à devoir se damner pour tenter d'atteindre leur perfection? Pour tenter d'être assez bien. Elle ne serait jamais assez bien, pour eux. Pour n'importe qui, d'ailleurs, et surtout pas pour elle-même.
Ce n'est que lorsque son père quitta la pièce que Lupita se planta, inflexible, devant la majestueuse coiffeuse qu'enfermait sa lugubre chambre. Elle aussi savait faire preuve d'une parfaite maîtrise, d'un contrôle que beaucoup lui enviait. Longtemps, elle lorgna son reflet, le regard vague, les larmes dégoulinant le long de son coeur à défaut de faire rougir ses joues laiteuses. Elle ne mesurait que trois pommes de haut mais déjà tout chez elle filtrait la grâce et la joliesse. L'harmonie et l'esthétisme, le charme et la séduction. Une arme. Un atout. Un fardeau. Elle ne savait que penser de ce don que la nature lui avait attitré, se contentant de serrer les dents à chaque fois que son apparence évinçait son âme, que cette beauté tragique lui volait tout éclat spirituel. « Mademoiselle Lupita, on vous attend en bas... » Quel tableau dramatique. Une si frêle petite fille, coincée dans sa robe écrue à taille froncée, flottant dans sa mousseline légère, pleine d'abnégation. Un spectre dont il ne resterait bientôt plus rien. Des restes de candeur et de pureté beaucoup trop fragiles. « Mademoiselle Lupita? » réitéra Nanée, se rapprochant. La domestique avait toujours ressenti une profonde affection pour l'enfant unique du couple Johnson. Lentement, alors qu'elle se plaçait derrière la petite princesse décharnée, et d'une tendresse presque maternelle, elle vint replacer les quelques mèches audacieuses qui s'étaient frayées un chemin en dehors de sa natte parfaitement tressée. « Vous irez bien. » siffla-t-elle finalement, comme pour se persuader elle-même que la petite saurait prendre soin d'elle toute seule. Puis, comme Mr Johnson quelques minutes plus tôt, elle s'agenouilla aux pieds de la fragile petite italienne et lui déposa un vif baiser sur le front. Pita, à la fois perdue et touchée, lui lança un dernier regard plein de détresse avant de baisser honteusement les yeux ; elle pouvait sentir les traits de Nanée se tendre de désolation. Une pointe de haine consciencieusement contenue au fond de ses iris glacés, la gamine traversa la pièce pour rejoindre sa famille, laissant la vieille nourrice à ses sanglots et son chagrin. Oui, elle irait bien. Avait-elle seulement le choix?
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Elle se trainait, le coeur lourd, au bord des lèvres, ses pas pressés par l'impulsivité et l'amertume. Elle avait mal, la petite poupée désarticulée. Tellement mal, au fin fond de son palpitant, qu'elle se sentait chavirer parmi les affres de ses écarts, le malaise et le dégoût que lui inspiraient la cruelle réalité de ce monde. Elle longeait les couloirs de l'internat, s'adossant aux murs pour ne pas s'essouffler trop rapidement, prenant appuis pour ne pas mourir tout de suite ; là, recroquevillée comme une bête, plongée dans l'indifférence la plus poignante. Elle hurlait intérieurement, la gamine blessée, à la démence même, agonisant avec tant de puissance que ses propres maux finissaient par lui ronger l'âme. Âme putride d'ignorance et de passion. Mais personne ne semblait l'entendre. Personne ne voulait le faire. Chaque fois qu'elle s'arrêtait dans un bref élan de lucidité, pensive, presque emplie d'empathie ou de culpabilité envers son bourreau, ses faiblesses se ravivaient. Violentes, douloureuses, comme de vieilles reliques tortueuses destinées à lui rappeler qu'elle n'était que ça, gamine bafouée, capricieuse dérangée ; si peu, aux yeux de tous, à ses yeux à lui, et qu'elle méritait la souffrance et le chagrin qu'on lui infligeait. Garce psychotique, putain névrosée, la belle demeurait cette tare sociale, les débris d'une complexité pathologique. Démentielle. Lupita savait qu'elle n'avait personne d'autre à blâmer pour son masochisme et ses manipulations, mais cette issue lui semblait bien trop injuste alors qu'un sang mûr de honte s'écoulait le long de ses cuisses.
La petite sauvage continuait, pourtant, à s'engouffrer dans les méandres de l'école ; malgré la fièvre, malgré les voix indécentes qui cognaient les parois de son crâne. Sa tignasse ébène encadrant son visage blême, terni par les dégâts de l'hémorragie. Elle vacillait, fragile, se contentant d'omettre tout ce qui se passait, tout ce qui l'entourait, tout ce qu'elle était. La mort, le liquide vermeille qui la souillait, la douleur poignante et le sentiment de s'être amputée du plus important. Du plus monstrueux. Invincible, elle était invincible. Elle survivrait, elle perdurerait parmi le temps et l'espace, l'errance et la perte. Tête haute, mâchoire serrée d'une parfaite maîtrise d'elle-même, elle ne pleurait pas, une lueur, ultime, de fierté mal placée, de pathétisme, logé dans l'orage de ses yeux, alors qu'elle peinait à maintenir les pans de son uniforme aux creux de ses paumes meurtries de plaies. Elle tenait à garder sa dignité jusqu'au bout, se refusait à tâcher sa jupe de la substance métallique et chaude qui s'écoulait encore tout contre ses jambes, traçant de longs sillons rougeâtres et macabres sur sa peau si exceptionnellement douce. Diaphane. Enfantine. Elle n'aurait jamais cru qu'une chaleur aussi forte émanerait d'elle, un jour, ses chairs n'ayant toujours été que prophéties annonciatrices de fins et de chaos. Et c'était peut-être cela, le plus triste ; le fait qu'elle se soit condamnée avant même de s'être essayée à vivre.
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« Attends, on n'peut pas, il faut qu'on s'protège... » Ebauche d'une passion charnelle, débauche d'un coeur blessé. L'adolescente désoeuvrée ne s'offrait que pour lacérer cette pompe douloureuse qui lui rappelait inlassablement à quel point elle restait fragile, vivante. Lassée de cette coquille vide, de la vacuité de son entière personne, elle autorisait les hommes à l'user un peu plus, à combler les blancs, les silences pesants et la solitude qui ne faisait que la perdre toujours plus. Elle détestait la solitude. Elle détestait se retrouver seule, haïssait les introspections personnelles que tout cela impliquait, se refusait à devoir mater la mansuétude de ses camarades à son égard, le respect teinté de pitié que le regard des autres transpirait, l'ironie nauséeuse qui découlait de son statut, de sa beauté artificielle, sa vie d'automate. Penser aux erreurs, aux échecs, au manque irrationnel qui la rendait sotte, qui l'animait, la tuant chaque jour un peu plus que le précédant ; tout cela était du suicide. Alors Dante collectionnait les cicatrices et les hématomes comme une longue et prestigieuse collection de trophées. Tout était bon pour éveiller la douleur, puissante et dévastatrice, anesthésiante. Tout était bon pour endormir la vérité, pour faire illusion. Elle pouvait survivre tant qu'il y avait ces faux-semblants, ces montagnes dressées entre elle et le reste du monde. Fières, infranchissables. « Je prendrais une contraception d'urgence. » lança-t-elle, autoritaire, le souffle écourté par le poids de son amant sur sa frêle poitrine. Puis elle l'embrassa à pleine bouche sans lui laisser le temps de protester, le pressant encore un peu plus contre elle, comme effrayée à l'idée qu'il ne finisse par découvrir une vérité monstrueuse et l'abandonne là, pantoise et dévastée, seule au milieu de son large dortoir universitaire. La fougue aussi était une illusion, l'envie qu'elle simulait, ses gestes pressés, tremblants et maladroits ; ils étaient dus à autre chose. Cette sensation grisante qui lui vrillait la tête, ce n'était pas du désir, c'était l'alcool. L'alcool qui trouvait échos dans chacune de ses parties de jambes en l'air. Chaque fois, Dante ne répondait qu'aux besoins de ces corps transpirants et fiévreux disposés à l'aimer pour un court instant ; le plaisir était simulé, tandis que l'ivresse, elle, était réelle. Elle aidait à oublier, à s'excuser, à omettre certains détails. Les relents d'alcool et de tabac régissaient ses nuits, sa douce autodestruction.
Lui n'était qu'un pion dans son immense échiquier, un coup à placer, sanglant et particulièrement fielleux. Et pourtant, c'est lui qui mit fin au baiser le premier, alors que Dante peinait à ne pas s'échouer sur son matelas, tant le taux d'alcool qu'elle avait ingéré tout au long de la soirée la rendait malade et titubante. « On devrait pas, t'as pas l'air en état.. » Et voilà qu'elle était tombée sur un gentil petit compatissant. Du genre rare et pas du tout efficace. Ne pouvait-il pas simplement se montrer grossier et égoïste? La faire sienne en quelques coups de reins et salir ses draps, en profiter pour prendre un bout de ce qu'elle avait à donner et partir sans plus de manières? « Comme si ça importait. » pesta-t-elle, furieuse, plus contre elle-même que contre le jeune homme qui semblait honnête, cependant. Ses yeux glacés, pleins de la même honte et de la même détresse qui avaient attendris Nanée des années plus tôt, auraient pu tuer, à cet instant, tant la haine et le dégoût qu'elle y plaçait la consumaient toute entière, réveillant de mauvais souvenirs, de vieux secrets familiaux qu'elle avait pris soin d'enfouir dans un coin de sa tête où elle ne s'aventurait jamais. Elle pouvait à nouveau sentir la main de son père caresser le haut de sa pommette, ô doux et merveilleux supplice, ému et presque désolé d'avoir engendré un tel chaos, une telle bombe à retardement, tandis que l'envie de vomir se faisait de plus en plus violente et que les biles narguaient sa gorge. « Qu'est-ce que tu racontes? Tout le monde t'admire, ici... » Comme si cela suffisait, comme si ça n'était pas assez dur comme ça. De la fausseté, des mensonges, des illusions, encore et toujours... Les apparences sont connues pour être trompeuses. Mais Dante préféra serrer les dents plutôt que de lui répondre, lui arracher les yeux, le faire intensément souffrir pour l'horreur qu'il venait de dire. Elle se fichait tellement d'être admirée par cette hypocrisie ambiante. « Même dans cet état ... » reprit-il, retraçant le contour des lèvres de la jeune fille avec les siennes « Tu es magnifique, Dante. »
Un souffle, un murmure étranglé, comme une caresse mal placée. Le supplice fut si violent qu'elle ne put se retenir de serrer les poings alors que toute sa rancoeur, putride et crasseuse, lui faisait vomir ses flétrissures de l'âme sur son conjoint. La phrase résonnait en écho dans son crâne, comme la plus basse des malédictions, alors qu'il commençait déjà à s'éloigner pour la laisser seule, dégouté et refroidi de pitié. Couvert de vomissures fétides. « Tu es magnifique, Pita... et tu crèveras avec tout ça. Toute seule. »
all we are is everything that's right
pseudo/prénom: Pita/Milie, c'est selon ; nous sommes plusieurs à l'intérieur de cet esprit fragmenté. avatar: Lana Dey Rey. commentaires: Lupita est l'addition de plusieurs de mes anciennes créations. Je ne sais pas exactement où je vais avec elle, mais ça me plait, et puis ça me permettra d'écrire des trucs un peu fous. Hormis ça, très beau forum et accueil très agréable.
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Dernière édition par L. Dante Johnson le Ven 1 Fév - 20:05, édité 9 fois
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 0:11
OMG JE SUIS MORTE LANA EST TROP MAGNIFIQUE Bienvenue PS: si tu as besoin d'un autre poste ma supprimer
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 0:16
Oh... Ne meurs pas tout de suite, moi qui prévoyais des plans qui dépassent ta pensée. Non, plus sérieusement, merci pour cet accueil ma foi très enthousiaste. (et bienvenue/bon courage pour ta fiche btw)
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 8:57
Bienvenue sur le forum
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 9:53
Bienvenue et merci de ton inscription Je réserve Lana.
Agnetha Pearson WARM BLOOD ★ le rouge sur mes lèvres, le rouge que je bois
Messages : 115
THE STORY OF US. Job: membre de la garde, propriétaire de la cinémathèque Quote: my red blood for you Contacts:
Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 10:47
La chanson, le pseudonyme, le choix d'avatar... Tout est parfait. Je vais me mettre à guetter une erreur de ta part maintenant, histoire de vérifier si tu es bien humaine Mais bienvenue sur le forum !
Mirella Jones ≈ IF WE WERE MAGIC, WE WOULDN'T BE SO YOUNG AND TRAGIC.
Messages : 232 Multinicks : none.
THE STORY OF US. Job: serveuse lorsqu'elle a le temps. Quote: “Cruelty does not make a person dishonest, the same way bravery does not make a person kind.” Contacts:
Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Mer 30 Jan - 21:13
Bienvenue
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Ven 1 Fév - 18:44
Merci à tous pour votre accueil, vous êtes adorables.
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Ven 1 Fév - 18:52
Tu es toujours aussi magnifique.
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Sujet: Re: Dante ♔ BANG, BANG Ven 1 Fév - 18:57
Raaawr, j'aime tes références masquées. (et je suis amoureuuuuuse de ton H. )