Trouble in Haven.
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 the monster killed the melody you loved. ( Dante )

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MessageSujet: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeJeu 7 Fév - 10:56






Ponctuel au rendez-vous des morts, égal à celui des vivants. Il détacha son ombre accouplée à la voiture de fonction, fit parler le silence d'un soupir bouffi de désintérêt, entre autres choses, avant de déléguer la bonne affaire à son adjoint. Ce fut après les longues secondes d’un regard pugnace à son vis-à-vis au visage grêlé qu’il put tourner les talons en trainant, clopin-clopant, l’aporie de sa situation. Derrière, les petits accidents, les cadavres rieurs, les bagnoles cramées à la trame. Qu’est-ce qu’il y avait de plus, cette fois ? Des antidépresseurs effeuillés dans les commodes, un peu de poudre sous la trique unique d’une chaise de bureau, et les aveux, dans quelques lettres datées, quelques journaux et draps froissés. Jeremy portait beaucoup d’attention à ce que l’on lui disait. Plus, cependant, à ce qui était passé sous silence. L’enjeu était tapi là, derrière les lippes du mort et accroché à la cime des cils. Il fallait y songer, se dit-il. Il le fallait, pour tenter d’heurter la satisfaction personnelle, ou ne serait-ce que dévier journalistes et autres sycophantes béotiens concernant les forces de l’ordre. Et il n’y avait jamais rien de mieux que de s’éloigner de la scène pour le recul nécessaire. Allons, Trinité, laisse lui donc un misérable sursit, le temps seulement de choisir l’âcreté de son café noir.
Il ne se souvenait plus vraiment à partir de quel moment il avait commencé à haïr Haven. Rien que la nomination lui laissait pressentir le pire. Haven. La comparaison était facile, vulgaire, grossière. Il y régnait entre les deux syllabes cette petite ironie latente dans laquelle il n’y comprenait, à proprement parlé, rien. Cette ville l’effrayait. Plus que Londres, plus que New-York, Boston, Glasgow, l’asphalte puait le stress et les roues de caoutchouc y grinçaient tristement. Il n’y avait pas de gens ici. Que des monstres aux cœurs serrés qui grimacent leur atrabile et griffent la géhenne. C’était s’éventrer pour se sentir vide et en paix. Il connaissait. Les doigts craquèrent entre eux. L’annulaire émit un bruit plus sinistre que les autres. Jeremy regrettait le sentiment feutré dont il se gorgeait au milieu des pubs tranquilles d’Angleterre. Les derniers clients se retardent un peu avec de jolis sourires et trois tapes à l’épaule, se perfusent d’alcool, parce-que c’est toujours mieux d’être enivré pour affronter épouse et ménage. Parfois on ignorait la loi en s’allumant quelques bâtons de mort lentes, qui finissaient par enfumer d’un linceul odorant les bouteilles rances et les verres vides. Il aurait aimé s’y laisser crever, pelotonné contre un mur en briques en sentant que les fumistes ne s’attarderaient pas sur sa gueule aux plis concaves. C’est qu’il en avait perdu, du charisme. L’arrête sur laquelle se finissait son nez ne rougissait plus, et il y avait dans ce mouvement de mâchoire agacée quelque chose de fondamentalement reptilien. Ça suppléait le sourire en ersatz d’expression. Ses cernes étaient des bleus enfoncés, ses lèvres toujours mordues. On s’y prenait encore parfois, parce qu’il s’accrochait à l’idée qu’il ne devait pas se laisser aller. La chevelure était toujours gominée, les ourlets très propres, la chemise correctement repassée. C’était de cette façon qu’il réapprenait à s’aimer.

Il n’y eut personne pour remarquer se carcasse. Passé midi, les nez ne s’intéressaient à rien d’autre qu’aux effluves de chairs cuitent et de vapeur de légumes, le tout proprement agencé pour ravir l’œil. Un instant, il tergiversait encore à s’enfuir du bar pour se planquer dans son office. S’imaginer le sourire sardonique de son psy en l’apprenant l’en dissuada pourtant.
Il ne commanda qu’un café au bar pour chercher du coin de l’œil une place vacante. Si possible expatriée des babillages qui ne l’intéressaient pas. Il n’y avait rien. Tous les monstres étaient de sortie pour se raconter des horreurs autour d’un steak bien doré, et la constatation le découragea aussitôt. Il se prit à grimacer, tout nerveux qu’il était, et ses doigts semblèrent vouloir que la coupelle ne s’effrite entre eux et les entame douloureusement. Il y eu le début d’un renoncement, jusqu’à la pointe d’une salvation. Il fallait descendre de la machine en route et accepter, pour une fois, qu’il était possible d’obtenir une quelconque victoire. Une minuscule, mais c’était déjà bien.
Il s’approcha d’elle. Sa silhouette à lui ne se démarquait pas, car il n’était pas très grand et pas forcément bel homme, en plus d’avoir le pas aphone. Mais elle, sous les épais cheveux écrus et les pommettes aiguisées, semblait avoir écorché tous les printemps. Elle fleurissait d’un sourire et se fanait du regard. C’était ce que l’encéphale avait marqué en rouge, ce qu’il avait le mieux retenu puisqu’il ne se souvenait que de son nom.
« A regarder votre assiette avec si peu d’appétit, soit vous songez à vous y étouffer soit le bœuf n’est pas assez cuit. » Il patienta, le temps de cueillir son attention, et un sourire poli s’accrocha aux commissures. L’air grave demeurait malgré tout. « Ou alors vous vous demandez ce que vous êtes venue faire ici. Je peux m’asseoir ? »
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MessageSujet: Re: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeJeu 7 Fév - 16:33

DANTE & JEREMY
« come on, come on, put your hands into the fire »

Il y avait de la culpabilité dans l’air. Les suppliques moralisatrices d’une conscience un peu trop écorchée, qui s’essouffle. Un dépit qui éveille échos railleurs et démoniaques, avant de s’engoncer jusqu’aux tréfonds de ses songes. Avant de lui voler tout espoir, toute tranquillité d’esprit. Était venu le temps des jours sombres, ceux-là mêmes où Dante ne pouvait se contenter d’omettre, d'oublier ; ses affrosités commises, les effluves d’un sang souillé par ses affronts, les spectres de ses victimes allant et venant, presque satisfaits de lui rappeler à quel point toute son existence, toute sa petite personne n’était qu’immense boutade. Prosopopée vile de contrefaçon. Cela faisait des heures qu’elle était assise ici. Des heures qu’elle cogitait, yeux éteints, lèvres pincées de son propre cynisme et du dégoût qu’elle s’inspirait, son désarroi noyé sous les litres de caféine qu’elle avait ingéré. À maintes reprises, la belle dû retenir les rivières qui lui montaient aux cils. Elle n’arrivait pas bien à comprendre... Ce qu’elle était venue faire là, ce qu’elle espérait réellement, recluse dans un coin du Rust Bucket, seule et en proie à ses angoisses, sa vulnérabilité. Peut-être cherchait-elle un moyen de se raccrocher au monde, à ce capharnaüm brouillant de vie, au brouhaha rassurant des clients qui mastiquaient sans vergogne ou braillaient un peu trop fort sous les effets de l’alcool. Alcool qui coulait à flots, même à cette heure de la journée, se mêlant aux relents de tabac froid que libéraient les vestes en piteux état de certains poivreaux. Peut-être cherchait-elle à s’attendrir de cette humanité, finalement, sans réellement s'y fondre, et bien que cette dernière ne lui ait toujours inspiré que mépris cuisant. Vacuité béante.

« Et un steack saignant pour la d’moiselle ! » Son haut le cœur étouffé sous un sourire poli – mais un rien sarcastique malgré tout - Dante se contenta de siffler un banal remerciement avant de darder un regard contrit sur l'assiette que l'on posait devant elle. Les traits tirés, la brunette lorgnait d’un mauvais œil la viande qui, presque crue, lui semblait bien pauvre, en comparaison de la chair des myocardes ensanglantés dont elle se nourrissait habituellement. Elle pouvait encore sentir la substance vermeille couler tout au fond de sa gorge. Chaude et légèrement parfumée. Teintée du désir et de la peur qu’elle avait vu s’accroître en sa victime, alors qu’elle continuait d’asséner les coups sans relâche. Sans ménagement. Le souvenir était grisant, électrifiant de réalisme, car la tueuse se rappelait parfaitement la chair ouverte, qu'elle jouissait de faire bleuir, et qui s'était mise à suinter de plus en plus abondamment au rythme des heurts. Une scène particulièrement nauséeuse, mais comme chaque fois, la bête était restée froide et détachée ; la vue troublée par les uniques éclaboussures qui atterrissaient inlassablement sur son pâle visage, alors qu'elle accomplissait sa besogne. La troisième sur deux semaines, déjà.

« A regarder votre assiette avec si peu d’appétit, soit vous songez à vous y étouffer soit le bœuf n’est pas assez cuit. » Situation caustique. Elle se gifla mentalement pour ne pas avoir su masquer son malaise, relevant les yeux sur Dawkins qu'elle n'avait pas croisé depuis plusieurs jours - ou même plusieurs semaines, elle ne se rappelait plus vraiment. « Ou alors vous vous demandez ce que vous êtes venue faire ici. Je peux m’asseoir ? »

Il souriait, diplomate, cette même expression pesante pourtant toujours encrée sur ses traits. Traits que la succube ne pouvait s’empêcher de scruter avec un peu trop d’insistance ; gamine fascinée, créature dérangée, à la fois effrayée par son statut et victime de l’intérêt macabre qu’elle lui portait. « Un peu des deux, je suppose… » avait-elle fini par répondre, reprenant lentement contenance. La bête grattait sous sa peau chaque fois que Jeremy l’approchait, et il était compliqué de tenter d’expliquer ses pulsions. Elles se manifestaient sans prévenir, parfois violentes, d’autres fois plus sournoises, comme un doux avertissement l’informant de ce qui allait se présager si elle ne foutait pas rapidement le camp. Ainsi, elle avait perçu les barreaux de sa cage se refermer tout autour d’elle et s’était sentie prise au piège alors qu’il avait pénétré le café et l’avait abordé. Car l’humaine aurait souhaité fuir, prendre les jambes à son cou, prétexter n’importe quoi qui puisse l’éloigner de lui et l’empêcher de céder à sa nature… Partir maintenant aurait été pire, cependant, et la belle ne s’était définitivement pas décidée à provoquer les suspicions du policer. Alors, d’une voix qui paraissait faussement détendue, et tout en le gratifiant d’un sourire semblable à celui qu’il lui avait adressé quelques secondes plus tôt, la jeune fille se résolue à l’inviter à s'assoir à sa table.

« Oh, hm.. Bien sûr, asseyez-vous, je vous en prie. » Qu’est-ce qui la poussait à cette inconscience, cette prétention ? Qu’est-ce qui lui avait fait penser, au juste, qu’elle saurait se gérer, se contrôler ? Elle n’en savait trop rien. Toujours est-il qu’une tension palpable s’était dressée entre les deux protagonistes et que Dante regretta instantanément sa décision. Néanmoins désireuse de briser l’ambiance polaire qui planait tout autour d’eux, elle reprit, plus chaleureusement : « Je ne sais pas vous, mais l’assiette ne me renvoie pas un aspect spécialement ragoûtant. Vous avez eu raison de sauter le plat du jour et d’opter pour un café. » Puis, alors qu’elle laissait ses yeux dévier sur les mains de son homologue, l’étudiante aperçut l’alliance qui entourait gracieusement l’annulaire de Jeremy et pensa que non, décidément, il ne semblait pas très intelligent de briser une famille au profit de sa nature monstrueuse.
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MessageSujet: Re: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeJeu 7 Fév - 23:53

Il vu à la voûte inversée du sourire que les organes principaux se contredisaient. Ce battement du myocarde qui ne coïncide peut-être pas avec le fléchissement des hémisphères et l'essoufflement avorté - car elle était polie. Le sien, de sourire, n'était pas forcé. Il se froissait contre d'autres sens et s'enroulaient entre eux, mais rien n'était vraiment contrit. Il ne voulait pas se donner l’air d’un créancier auquel on ne devait pas tourner le dos, toujours est-il qu’il ne prenait pas assez en compte qu’une jeune femme comme Dante n’avait peut-être pas la moindre envie de passer la pause méridienne en une compagnie comme la sienne.
La fausse porcelaine teinta contre le bois.
Une goûte de caféine alla s’échouer dans la fondation creuse, puis une lippe vint se tordre.
Parmi toutes les effluves, le parfum de son rendez-vous improvisé lui embaumait tendrement les poumons. C’était ce qui lui manquait le plus, peut-être. Au-delà d’une voussure d’un sein et de la chaleur d’un ventre à peine effleuré, l’arôme de l’épiderme manquait à sa langue et à son nez. Ou peut-être que ce qu’il y avait d’étrange chez Dante le réconfortait et le laissait s’assouplir dans son quotidien aseptisé, car sinon des reliques, il n’en restait pas grand-chose. Bien sûr, elle restait statu quo dans son relationnel bousillé, il n’était pas le genre de type à oublier ses priorités professionnelles. Mais il l’aimait bien, et trouvait cruel de devoir s’y acharner pour son profit à lui. Il ne savait ni quand ni comment la situation viendrait à se conclure. Dans un beau bouquet final de pleurs et d’hurlements, certainement. Jeremy aurait aimé que les choses se terminent de façon plus humaine, moins mécanique. Il voulait encore croire à l’innocence qu’il trouvait là, quelque part pelotonnée entre l’amertume et la peur dans le regard de cette femme. Prouver que c’était le monde qui l’aliénait, pas le contraire.

Lorsque son regard s’attarda sur le trait de son doigt bagué, il lâcha l’anse et déroba ses mains. C’était instinctif et n’avait rien de souhaité, mais Jeremy ne voulait pas se lancer dans une conversation impliquant Catherine, bien que Dante n’avait pas le profil de celle qui lui demanderait à quoi sa femme occupait ses journées. Oh, je me doute qu’elle converse avec Dieu, mais de façon plus physique les vers ont terminé de ronger jusqu’aux recoins les plus intimes de son épiderme. Cette fois l’ironie ne le fit pas sourire. Il en ferma d’ailleurs les yeux. « Je ne goûte pas trop aux plaisirs qu’offre les restaurants. » Avoua t’il, alors que son menton s’inclinait légèrement dans une expression très vague. « Et être en appétit m’aide à me concentrer. » Il reprit un air plus certain en se déridant de la confession. C’était vrai, autant que la métaphore coincée derrière l’expression. Mais il se garda de plus d’information de sa part, car ce n’était pas lui qui l’intéressait, et il n’appréciait guère s’écouter parler. Il voulait savoir d’elle tous les petits secrets, toutes les jolies façades, tous les hiéroglyphes bien incrustés dans sa mémoire et qu’elle s’infligeait sûrement toujours. Il voulait connaître les raisons pour lesquelles on pouvait se tasser, à son âge, dans une tanière où le seul plaisir était l’idée de mâcher un steak à peine cuit sans s’offrir la compagnie de personne d’autre qu’elle-même. « Si j’étais vous j’attendrais avant d’envisager l’asphyxie par voie buccale. » Sourire entendu. « Il est toujours possible d’obtenir la rédemption. » L’échine se craqua lors de sa courbe, quand la tasse goûta à ses lèvres. Clin d’œil. Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie et n’en pensait pas moins. Jeremy ne savait pas combien il était dans le vrai.

Son enquête ne pressait pas. Elle avait été presque bouclée avant d’être entamée, du reste. Il attendait l’accord de la famille pour une autopsie, mais les dossiers médicaux ne mentaient jamais : la thrombose avait surement conduit à un AVC foudroyant ou à un infarctus. Les conspirationnistes se voyaient peut-être déjà à hurler au Troublé, et il se fatiguait d’avance des amalgames en quête de sensationnel. Peut-être savait-elle quelque chose, elle, derrière son silence qui lui brûlait le bout de ses doigts. Jeremy se tassa un peu contre le dossier de sa chaise. « Permettez-moi de régler l’addition. »
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MessageSujet: Re: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeDim 10 Fév - 2:02

Une main promise qui se dérobe. Une information lourde de sens, que l’on préfère taire sous un tas de faux semblants, pour faire bonne figure. Pour le bien commun.
Outch, avait-elle frôlé le point sensible ?

Une moue victorieuse écorcha les commissures doucereuses de la jeune fille. Son expression, si dure et pourtant si vague, sciait drôlement avec les lueurs et les craintes que le policier avait certainement du déchiffrer au fond de ses pupilles vitreuses. Ambivalence, comme un second prénom, une seconde identité. Ainsi, la belle baissait la tête, sa langue humidifiant ses lèvres alors qu’elle cachait son contentement déplacé. Sa perversion. Dante n’aspirait pas à être cruelle, cependant, ni à s’abreuver du malheur des autres. Non. C’était le monstre qui voulait ça. Le trouble infestant son hémoglobine de ses insanités et ses projets barbares. Elle, aurait préféré ne pas relever, ne pas se réjouir de sa trouvaille sinistre. Oublier simplement ; le chagrin de cet homme devant elle, le malaise et l’angoisse que son secret impliquait. Elle comprenait. Elle comprenait que trop bien. Mais il était justicier. Et elle, brisait des vies. Mettait la ville à feu et à sang. Causait les pires des dommages collatéraux. À choisir, il valait mieux que ce soit ses secrets qui soient préservés ; bulles flottantes et un peu trop fragiles, elles imploraient pour leur pénitence, et il y avait nécessité, dans ces rapports de force, de repérer les failles et de s’en faire de précieux alliés. De jauger l’autre et de s’assurer d’avoir, toujours, une longueur d’avance. De gérer la situation. Creuser puis rouvrir les plaies, les saler d’une indiscrétion malsaine, d’évocations tortueuses, jusqu’à dissuader l’adversaire de toute tentative d’attaque ; c’était un dur labeur. Une chasse excitante. « Je ne goûte pas trop aux plaisirs qu’offre les restaurants. Et être en appétit m’aide à me concentrer. » Vraiment ? Elle pensa qu’il aurait peut-être mieux fallu qu’il se nourrisse, pourtant ; ses membres s’étant raidis sous la menace, et son visage arborant un air grave qui le vieillissait. « Si j’étais vous j’attendrais avant d’envisager l’asphyxie par voie buccale. Il est toujours possible d’obtenir la rédemption. »
Sûr qu’il faisait référence au plat médiocre, mais la réalité et l’ironie des propos frappa directement l’étudiante.

« Permettez-moi de régler l’addition. » Galant homme. S’il savait… pensa-t-elle instantanément… à quel point la bête détestait ce genre de provocations et ce qu’il risquait en la tentant. Car il la poussait à vouloir lui faire mal. À frapper de ses crocs aiguisés. La créature le percevait comme un ennemi et souhaitait l’anéantir. Le séduire. Lui rendre chaque coup, de façon plus sournoise encore que la gentillesse dont il faisait preuve et qui déstabilisait Dante. Tout ne résidait qu’en cela, en fin de compte. C’était ce qui énervait le monstre, là, au creux du ventre ; la stupidité de la gamine, assez niaise au fond, assez sensible pour être touchée par ce genre d’attentions. Pour se montrer reconnaissante. Confiante.

Jeremy représentait un danger plus vif encore que toutes ses autres et précédentes conquêtes ; il était cette limite insidieuse, ce point de non-retour à ne surtout pas franchir, mais qui nous brûle tant de braver. La quintessence du mal, en d’autres termes. Le pilier qui nous raccroche à la raison. À qui il nous plairait de faire bonne impression, que l’on voudrait toucher de sa propre bienséance, de son contrôle faussement tenu. Il était définitivement plus dangereux pour l’effet qu’il avait sur l’humaine, et non pas sur la Troublée ; responsable des secousses de conscience qui contraient l’animal. L’animal rageur, pestant contre son impuissance, sa frustration face à ce démon auréolé. Diantre, ne connaissait-elle pas suffisamment les hommes pour leurs manipulations, leurs natures et leurs petits tours de passe-passe ? Ne leur avaient-ils pas valu de perdre son innocence, sa dignité ? De faire couler nombres de sillons rougeâtres le long de ses cuisses exsangues ? N’avait-elle pas suffisamment souffert de leurs charmes pour agir plus intelligemment qu’une pucelle arriérée ? Non. Il faut croire que non. Dante régurgitait tout le fiel de sa vulnérabilité ; Lupita grognait d’exaspération. Chaque fois, il en était ainsi, car même après tant d’années, tant de cicatrices et d’ecchymoses cardiaques, l’humanité persistait ; endormie au fin fond de son âme fragmentée, mais toujours présente. Relique précieuse que la bête essoufflait dans l’espoir qu’elle ne finisse par mourir. Un jour ou l’autre.

« Merci. » Puis elle commanda un énième café. Qu'aurait-elle pu répondre d’autre ? Oui, ça la gênait, oui, ça la ravissait, mais elle ne voulait pas se ridiculiser en minaudant ou en jouant la carte de l’hypocrisie commune. Accepter l’invitation était une marque de respect et d’intelligence, plus que le fait de débattre sur la générosité de Dawkins. Enfin, de son point de vue. Et puis, il y avait plus intéressant à découvrir, plus intriguant à extirper de lui. Comme l’avancement de sa dernière enquête en cours, entre autre chose, ainsi que la cause de ses maintes contrariétés. Dante devait savoir ce qui le poussait à devoir se concentrer et s’investir ainsi dans son travail, elle devait jauger les menaces qui planaient tout au-dessus d’elle, car elle n’avait pas la prétention de se croire irréprochable. La plupart de ses meurtres étaient commis sous l’impulsion, et malgré sa technicité experte, personne n’était à l’abri d’une erreur. D’un indice laissé çà et là. D’un ton qu’elle souhaitait dégagé, et alors qu’elle regardait furtivement au dehors, elle reprit le plus simplement du monde : « Rude journée ? »

Tout était dans la nuance ; ne pas trop en demander, mais poser des questions ouvertes qui privilégieraient les confessions.
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MessageSujet: Re: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeMar 12 Fév - 15:44

Jeremy avait retiré cette main que l’on venait de mordre en un sourire très satisfait mais bien tassé entre deux moues furieusement solides dans leur implacable stoïcisme. Il se prit lui-même à claquer des molaires, dont l’écho rompait l’équilibre de sa réflexion si bien ajustée, avant de glisser ses doigts vierges jusqu’à l’anse froide quand les autres frottaient la gabardine d’un ton nerveux. L’inspecteur s’invectiva très naturellement d’une telle information amorphe, mais le dépit ne suffisait pas à lui faire perdre sa contenance. Pour peu, la dame qui lui faisait face pensait peut-être à une tentative de charme de sa part, dont la marque d’engagement qui cerclait l’annulaire du prétendu séducteur, n’avait rien à faire en cette situation, sinon de saigner tous ses plans d’homme infidèle. Mais Dante ne céderait pas aux supputations rocambolesques – elle était autrement plus intelligente que la plupart de ces filles aux babillages de bords de lèvre.
La mort de Catherine n’était pas un secret, et il ne s’évertuait ni ne mettait un poing d’honneur à préserver ou maquiller ce fait. Seulement il ne s’épanchait pas sur les souvenirs et sa vie privée ; inutile de donner à la douleur l’occasion de se faire un peu plus de place dans les nerfs du plexus solaires et les synapses éventrés. Aussi, il appréciait la discrétion naturelle, celle de cette femme, étrangement, le ravissait. Mais que Dieu l’en préserve, il ne parvenait pas à s’en émouvoir plus que de raison.
Tangible ambiance qui se contorsionne étrangement. Sous le feu des néons, la nitescence artificielle voudrait lui donner un air bien plus indisposé qu’il ne l’était en réalité. Et en dépit des rides que la trentaine croquée lui avait dessinées au coin de ses yeux bruns, on ne lui retirait pas ce charme presque juvénile dans la façon qu’il avait d’être curieux et tendre au-delà même de ses propres faiblesses. Au remerciement, il ne se contenta que d’un sourire confiant en dodelinant tranquillement du menton. Sa langue brossa furtivement sa lippe pour en cueillir la goutte qui la noircissait, et il porta son regard sur autre chose que le bout de ce nez très pointu qui happait toute son intention. Derrière lui, les pieds abimés d’une chaise qui a perdu sa protection raclent férocement le sol dans un bruit très sinistre comparé à la musique qui s’évertue à rendre l’atmosphère de ce taudis merdique plus feutré - quelque chose de presque agréable. Le vent accouché par les mouvements pressés du client souleva quelques cheveux noirs qui charbonnaient à l’extrémité de sa nuque laiteuse. Il y avait ce schisme très marqué entre elle et lui, qui l’empêchait de convenablement ferrer le poisson. Jeremy, d’ordinaire, était plutôt bon juge de caractère : il ne préférait cependant jamais se précipiter dans une quelconque approximation.

Dante était autre chose encore. Il ne l’incriminait de rien, ne s’emportait d’aucune accusation ou préjudice, se contentant seulement de la couvrir de son intérêt, tout professionnel – et bien au-delà de son pseudo titre d’inspecteur. A l’aube de la quarantaine, Jeremy savait comment manipuler le cheminement de ce que l’on escomptait de lui. Manœuvres ridées et fatiguées, mais très bien réalisées, encore. C’était le principal : la finalité. Il n’y avait pas beaucoup de mots, trop peu de lignes, qui rédigeaient le personnage évoluant devant lui et dont il se plaisait tant à observer. Trop peu à recenser, donc à étudier. L’entreprise prenait alors une tournure plus chatouilleuse et un sourire pointu mais effacé, connu seulement de son encéphale, se pointa alors, escamoté bientôt par l’interrogation soudaine. En travers de sa chaise, il appesantit derechef le regard pataud et creusé sur son invitée, évaluant ce qui saurait être entendu et ce qu’il valait mieux terre, pour son bien comme pour celui de l’agent.
« Fatigante. » Rectifia-t-il sans abandonner le plissement exigu et roué de ses paupières. « Un suicide, jusqu’à ce que l’autopsie nous prouve le contraire. » Rien n’était jamais plus embarrassant que lorsqu’il priait pour un meurtre dans les règles de l’art. Celui qui ne se contrariait jamais de rien, pas même de quelques tripes retournées et gorges découpées sur les scalènes et les jugulaires, sentait l’ennui se concentrer dans son estomac en une douleur autrement plus contrariante que l’horreur délivrée par les lèvres des proches d’une victime. Un assassin bien sous tout rapport, voilà ce dont il avait besoin. Pas d’une suicidée qui ne savait que parsemer plus d’ennuis encore que durant son vivant, pour des gens dont elle ne soupçonnait pas même l’existence.
C’était d’une triste indécence, qu’être mort, se disait-il en frottant son pouce contre ses lèvres très machinalement. Avec l’acuité qui le caractérisait, Jeremy releva une énième fois le regard pour soutenir celui de son vis-à-vis. Rude. Commissures relevées, dents dévoilées.
« Mais les tribulations d’un flic ne sont pas réputées pour savoir animer un repas. » Continua-t-il en s’entendant lui-même sur cette triste vérité. C’était mieux d’écarter le sujet, pudique et discret. « Je crois me souvenir que vous étudiez. Pourquoi être revenue dans ce trou lorsque l’on a tous les atouts pour réussir ? »
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MessageSujet: Re: the monster killed the melody you loved. ( Dante )   the monster killed the melody you loved. ( Dante ) Icon_minitimeDim 17 Fév - 2:27

La stalactite enfoncée dans le ventre. Elle avait pressenti le gel ; la cristallisation la lover toute entière de ses aiguilles de glace. Brûlures amères dans la poitrine. Des membres qui se tendent, des traits qui semblent craqueler tant ils tirent, là, derrière les commissures ; sa muraille protectrice avait fondu, un court – infime - instant, alors qu’il souriait et que de petites rides se creusaient aux coins des yeux. Sourire. Autant qu’elle s’en souvienne, elle ne l’avait jamais vu esquisser une moue proche d’un sourire, et cela la déstabilisait. Vivement.
Oh, certes, il n’y avait là aucune intention précise ; la belle en était plus que consciente et n’osait interpréter plus que de raison le comportement du jeune homme. Il faut dire qu’elle n’envisageait jamais vraiment que l’on puisse lui désigner quelconque affection ou tendresse, quelles qu’elles soient. L’égocentrisme et la mégalomanie étaient caractéristiques de la bête, pas de l’andouille gauche et humaine qu’elle restait les trois autres quarts du temps. Et Jeremy ne cherchait rien d’autre qu’à se montrer courtois, ou au mieux, à tenter d’être sympathique, la brunette le savait. Pas une dérive charmeuse, pas un geste déplacé ni une lourdeur désagréable ; juste cet intérêt – réciproque - qui les poussait à braver leurs natures solitaires. À expérimenter les joies pompeuses qu’offrait une vie sociale.

Les attentions n’étaient que de purs signaux de politesse, lâchés çà et là au détour de confidences maîtrisées, que l’on étouffe par peur d’être découverts, mis à nus. Un sens de la galanterie malicieusement travaillé par l’interlocuteur et qui, au fond, ne relevait même pas de viles manipulations. Vraiment, en soit, ce n’était rien. Rien que quelques petites choses insignifiantes. Sauf que non. Pas vraiment. Découvrir une expression chaleureuse chez le taciturne Dawkins s’avérait être un exploit, et les sourcils de Dante se hissèrent en une expression mi-surprise, mi-fière, alors qu’une moue presque attendrie lui chatouillait le coin des lèvres.

« Fatigante. » Ses yeux posés sur elle la brûlèrent plus encore. Elle eût la désagréable impression qu’il parvenait à lire au travers de son âme spumeuse et florissante de secrets. Mais l’insistance avait quelque chose d’agréable, de délectable même, qui fit vaguement rosir le haut de ses pommettes saillantes. Son entretien avec le policier ne traduisait que cela ; des vagues d’émotions, tendancieuses, inconstantes, se jouant d’elle, la faisant anticiper jusqu’à ses propres réactions, ses propres écarts. Le chaud, le froid. Le noir, le blanc. L’incohérence troublante de paradoxes, une fois de plus. « Un suicide, jusqu’à ce que l’autopsie nous prouve le contraire. » La porcelaine avait claqué le plateau de bois dans un tintement sonore. Derechef, ses yeux avaient suivis la trajectoire, préférant omettre le regard de Jeremy alors qu'elle déglutissait le plus précautionneusement possible. Une autopsie. Ils pratiqueraient une autopsie. La peur l’assaillait tout à coup, récurant chaque pore de son emprise psychique. Paraissait-elle seulement surprise du drame ? Arriverait-elle à feindre une révolte, un dégoût teinté de compassion ? Ne semblait-elle pas trop concernée, finalement ? Quelque chose dans son comportement ne trahissait-elle pas sa culpabilité, le malaise et les flashs ensanglantés qui ressurgissaient sous son nez, voilant ses iris émeraude d’une gravité soudaine ? Pauvre sotte, ressaisie-toi voyons. Ne te fais pas piéger comme une bleue. Puis elle simula une grimace très peu convaincante qui aurait voulu dire « désolée, moi et le sang, on ne fait pas bon ménage » sauf qu’au même instant, et à la simple idée d’une chair suintante de la substance vitale, son estomac laissa échapper un grognement et elle s’exaspéra de l’ironie de la situation.

Plus encore que son comportement suspect, c’était le caractère immuable et l’attitude péremptoire du bellâtre qui interpelaient Dante. Sa tenue, les tonalités et les constantes dans sa voix… C’était comme s’il s’ennuyait, comme si l’affaire n’apparaissait pas suffisamment sinistre pour cette triste ville qu’est Haven. Ou pour son simple plaisir, d’ailleurs, elle ne savait plus bien, mais quelque chose là-dessous l’agaçait. Il fallait être frigide, pensait-elle, pour ne rien ressentir. Ou avoir vécu pire.
Et dans son raisonnement, il apparaissait clairement que Dawkins ne semblait pas novice en matière de désillusions et cicatrices cardiaques. Le temps marqué sur ses traits était une preuve inévitable de l’ouragan ayant dévasté sa vie… Mais surtout, beaucoup de rumeurs circulaient aux comptoirs des cafés et restaurants environnants. Les gens parlaient. Un peu trop. Comme à leurs habitudes écoeurantes. Plusieurs fois, Dante avait perçu des bribes de conversations, une pitié nauséeuse et hypocrite alors que les béotiens évoquaient sans même comprendre le deuil insurmontable du jeune homme et la dépression sinistre dans lequel il s’engonçait sans ciller. Sans n’opposer aucune résistance, comme consentant à la chute et au chagrin qui lui extirpait tout espoir, toute envie de nouer des liens avec les habitants de la ville. Compréhensible, quand on voit comme ils se comportent, mais enfin, ils vous diront qu’ils ne comprennent pas ces parias qui s’excluent d’eux-mêmes. Dante était l’une d’entre eux, et pour ça, elle n’inspirait pas grande considération.

« Mais les tribulations d’un flic ne sont pas réputées pour savoir animer un repas. Je crois me souvenir que vous étudiez. Pourquoi être revenue dans ce trou lorsque l’on a tous les atouts pour réussir ? » La brunette préféra laper une gorgée chaude du nectar qu'elle couvait aux creux de ses mains fébriles ; le choc de l’annonce lui avait asséché les lèvres et elle ne se sentait pas de parler avant d'avoir repris ses esprits.

Ce qu’elle était revenue faire dans ce trou ? S’enterrer vivante. S’oublier. Se perdre sans doute. Elle avait beau quitter Haven, la bête grondait au fond d’elle-même, et les spectres de ses horreurs ne la quittaient jamais réellement. Ils la poursuivaient, qu’importe où elle aille, la confrontant dans ses songes et jusqu’à dans ses rêves. L’empêchant de trouver un répit, une rédemption pourtant si implorée. Ses rares proches et amis avaient finis par s’attrister de la folie dans laquelle elle suffoquait ; ils se contentaient de survivre à travers elle et ses errances, et alors Dante avait décidé de revenir. Seule. De les quitter. De les préserver de sa fin, et du chagrin que tout cela entrainerait. On aurait pu penser qu’elle optait pour la facilité ; revenir et céder aux pulsions, bousiller ce qu’il lui restait comme possibilités de survie, c’était stupide. Stupide et faible. Pourtant le manque, la solitude, et l’idée d’une vie tranquille et paisible jamais atteinte étaient insupportables.
Haven la tuait lentement. En même temps que sa culpabilité, ses remords, ses regrets. Le dégoût qu’elle s’inspirait et le trou béant se creusant dans son myocarde violé. Et elle était là, prostrée devant un ennemi potentiel, à jouer à la plus forte, à la plus grande, dans un ultime élan de fierté. Parce qu’au fond, elle se savait fichue, mais il lui était inconcevable de se l’avouer pour le moment. « Je … Je cherchais la tranquillité. » Sourire résolu. « Avouez qu'il n'y a pas plus paumé qu'Haven. C'est à croire que les gens fuient réellement cette malédiction. »

Son ton faussement méprisant la fit rire ; elle voulait passer pour la fille rationnelle qui n'accordait aucune valeur à ces sottises, mais le contexte et sa situation sciaient beaucoup trop avec le reste pour que ça ne soit pas drôle à prétendre. Réorienter la discussion sur l'enquête aurait été peu malin. Une nouvelle fois, elle haussa un sourcil alors qu'elle portait la porcelaine à ses lèvres ; « Vous y croyez, vous? ...À ce conte pour croyants, j'entends? »

La question semblait insignifiante. L'approche était parfaite.
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