(m) négociable + prénom nom

J'ouvre les yeux, les bruits de la ville ce constant bourdonnement qui sonne à mes oreilles comme une mélodie. J'ai pourtant mis plusieurs années à m'y faire après être partit d'Haven. Mon corps tout entier rejetait cette grande ville qui est pourtant ma maison aujourd'hui. Il n'est que 3h du matin, ma garde ne commence que dans 5 heures mais je me lève malgré tout. Je me connais, je sais que je n'arriverais pas à me rendormir. Sans un bruit pour la silhouette endormie à mes côtés je quitte le lit, me dirigeant vers la cuisine pour un verre de lait. Tout en le buvant je m'appuie sur le rebord de la fenêtre et observe le balai des quelques voitures qui roulent en cette heure matinale. J'ignore combien de temps je reste ainsi à rêvasser, lorsque je sens deux bras m'enlacer et deux lèvres se poser dans mon cou. Je ferme les yeux, profite du moment présent. "Reviens te coucher s'il te plait." murmure t'il à mon oreille. Je souris faiblement, puis lève ma main pour venir masser sa nuque avec tendresse. "Dans quelques minutes, je te rejoins." Je sens ses lèvres esquisser un petit sourire sur ma nuque puis il se détache de moi et retourne se coucher. Il sait tout comme moi que je ne reviendrais pas me coucher, comme les autres fois. Il est bien trop tôt pour que j'aille travailler mais je me prépare malgré tout pour l’hôpital, n'oubliant pas de déposer un baiser sur le front de mon compagnon avant de partir.

*

"Tu ne reviendras pas." dit il derrière moi alors que je remplis un sac de vêtements. Je suis censé partir pour quelques jours uniquement, le temps de l'enterrement. Elle voulait être enterrée à Haven, la ville où elle est née, je suis obligée de suivre ses dernières volontés, je lui dois bien cela. "Non." Je peux sentir sa gorge se serrer quand il a la confirmation de ce qu'il redoutait. Je l'aime passionnément mais ma mère passe au dessus de tout. Elle m'a suivit lorsque l'on est partit d'Haven, je me dois de la suivre maintenant qu'elle y retourne, dans cette ville où pour certains je suis un tueur pervers dépourvu de sentiments. J'ai peur de retourner là bas, peur de ce qui va m'y attendre.

Le sac à moitié fini je me retourne et croise le regard de mon petit ami. Il viendrait avec moi si je lui demandais, mais je ne peux pas. Sa vie est ici, une vie presque parfaite, et il ne connait rien de mon passé, de ces visions qui m'ont autrefois habitées. Je m'approche de lui, son corps se tend, c'est presque imperceptible mais je le connais, comme il me connait. Je prends son visage entre mes mains et l'embrasse, brisant les barrières, me laissant aller comme jamais avant.

Le lendemain je pars, laissant presque toutes mes affaires derrière moi, je retourne à la maison, et j'ouvre le nouveau chapitre de ma vie.